Réparation d'un genou sur Janousek 4x (Manervern)

Jean-baptiste Lagrange, avec la contribution de Jean-Yves Denis. Novembre 2022.

Vous trouvez ci-dessous les phases de la réparation, suivies d'une liste d'erreurs non vraiment critiques, mais qui auraient pu être évitées. Exercez votre sens critique en essayant de les repérer au cours de la lecture.

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Sur un bateau d'aviron, le "genou" est la partie de chaque structure latérale (couple) qui joint le carreau au plat-bord. Le Manervern est un Janousek racing. Bien que pas tout jeune, il bénéficie d'une construction moderne à base de nid d'abeille et de carbone. Néanmoins, chaque couple est un assemblage de bois massif. La photo de gauche montre la partie supérieure d'un genou, fendue au dessus du pont, et celle de dessous la partie interne.

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La photo de droite, après les premiers travaux, montre la partie cassée, fortement attaquée par la pourriture. Cette partie est conçue pour s'encastrer dans la partie inférieure (saine ici). Les premiers travaux ont consisté à dégager une partie du pont pour s'assurer de l'état de la partie inférieure. Le nid d'abeille du plat-bord est visible en brun, et celui du pont en gris. La partie encastrée est totalement pourrie (débris sous le pont).

A la construction, une partie du nid d'abeille du plat-bord a été évidée et remplacée par une latte de bois. En effet, cette partie reçoit les boulons de fixation de portant et le nid d'abeille ne supporterait pas la compression qui en résulte. Cette latte étant pourrie, nous avons choisi de la remplacer par 8 couches de tissu de carbone imprégnées à la résine epoxy.

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20221025_104853A.jpg La photo à gauche montre la phase suivante: une pièce de remplacement a été découpée dans du bois exotique, encastrée dans la partie inférieure et collée à cette partie  et au plat-bord. La résine epoxy chargée en silice a été employée pour ce collage.

De chaque côté, un tissu de carbone bidirectionnel a été collé en équerre pour assurer une meilleure liaison entre la pièce et le plat-bord et recouvrir le nid d'abeille. Notez les lattes qui assurent le maintien du tissu. En effet, le tissu imprégné tend à reprendre sa forme à plat. L'arrondi des lattes va permettre de créer un congé, de façon que le tissu ne soit pas plié. Les lattes sont   recouvertes d'adhésif d'emballage pour un démoulage facile.

Après durcissement et démoulage, le tissu a été recouvert d'un enduit epoxy chargé en micro-ballons pour préparer la finition.

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La phase suivante a consisté à reconstituer la partie du pont enlevée dans les premiers travaux. Un morceau a été conservé (nid d'abeille à droite de la photo ci-dessous). Le travail a consisté à préparer un moule sous la forme d'une plaque de pvc trouée pour permettre le passage de serre-joints, et à y disposer des bandes de tissu de carbone imprégnées d'epoxy. Les bandes sont ainsi collées sous le pont, maintenues par deux serre-joints introduits sous le moule. Celui-ci permet à la fois une bonne liaison des bandes au pont et un durcissement bien à plat de ces bandes. Ainsi, on obtient un support pour le collage des parties fermant le pont, équivalent à un cadre en bois, mais plus rigide et plus léger.

Un tissu unidirectionnel a été utilisé avec des fibres perpendiculaires au joint, sens dans lequel vont s'exercer les efforts quand un rameur va poser son pied sur le pont.

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Le collage a été précédé d'un ponçage grain 60 du dessous du pont. Ce ponçage est important pour l'adhérence, et vu la difficulté d'accès, un outil oscillant a été utilisé.

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Une latte de bois a été découpée dans le hiloire d'un bateau hors d'usage et collé pour remplacer la partie manquante. Après durcissement, le moule en PVC a été retiré, la non adhérence étant assurée grâce à l'adhésif d'emballage disposé sous les bandes de tissu. Ainsi une surface de collage d'un poids minimum a été obtenue pour coller le nid d'abeille conservé.

Le collage est fait avec de l'epoxy chargé en silice, généreusement appliqué pour une pénétration dans les alvéoles du nid d'abeille, participant à la solidité de l'ensemble.

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A gauche une vue après que le morceau de nid d'abeille a été recollé, qu'une couche de tissu de carbone a été collée sur la la latte en bois et que le tout a été enduit avec de l'epoxy chargé en micro-ballons.

La phase suivante a consisté à percer les trous de fixation des portants de façon à y positionner les boulons, garnis d'enduit epoxy pour l'étanchéité, puis le trou pour le passage du câble de direction.

La finition a été remise à plus tard, le temps de vérifier que rien ne bouge à l'usage sur l'eau.

Les portants du Manerven présentent quelques flexions a priori suspectes. Il a cependant été vérifié que ces flexions sont compatibles avec un positionnement acceptable des dames de nage dans le plan transversal. En revanche, il a fallu corriger le décalage en hauteur bâbord-tribord. Les axes étant déjà garnis de rondelles de rattrapage, des cales biseautées ont été positionnées à la liaison entre les portants bâbord et le plat-bord.

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Des erreurs qui pourraient être évitées. Vous en avez certainement repéré d'autres. Faites-nous en part par le formulaire de contact.

20221025_104853A.jpg1. Sur le Manerven, une bonne partie des genoux a été recouverte d'un tissu assurant la liaison avec le plat-bord et le pont. N'est-ce pas une erreur, car cela ne renforce pas la liaison avec la partie inférieure du couple, et cela bloque l'évacuation de l'humidité ? En effet, le bois bien employé a d'excellentes propriétés mécaniques, mais peut se détruire rapidement avec une forte hygrométrie. Ici, le tissu ne peut suivre les angles du bois et des entrées d'eau sont possibles par les trous. A surveiller : si un manque de rigidité est constaté, il faudra remplacer la pièce comme ci-dessus.

2. Dans la réparation, une partie du pont a été dégagée au début pour s'assurer de l'état de la partie inférieure et il a fallu reconstituer cette partie à la fin. Il aurait été possible d'éviter ce travail grâce à un petit endoscope après avoir percé un trou du diamètre correspondant, facile à reboucher. Cherchez ce terme dans un site de vente en ligne, vous en trouverez à moins de 20 € à brancher sur une prise usb.

3. Les trous ont été percés après collage de la pièce de remplacement. C'est une double erreur. D'une part, après collage il s'est avéré que la pièce n'était pas alignée avec les trous initiaux des boulons de support du portant et il a fallu agir sur la géométrie du portant pour corriger. Si les trous avaient été percés au préalable, il aurait été possible de positionner et de serrer la pièce directement à l'aide des boulons.

D'autre part, le trou de passage du câble était trop près du bordé pour employer une perceuse. Par bonheur un flexible a pu être fourni par un adhérent bien connu pour être un des piliers des séances d'atelier du Lundi matin. Une astuce à retenir.

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4. Il est aussi possible de critiquer le choix d'une essence exotique (genre meuble de jardin ou fenêtre), bien résistante à l'humidité, mais mal positionnée pour le rapport poids / performance. Un autre choix aurait été de découper un élément de structure dans un bateau bois hors d'usage.


 

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